« La respiration est un acte physiologique involontaire,
le Souffle est la manière dont nous venons habiter notre respiration et exprimer notre être au monde »
Face aux difficultés, nous avons tendance à restreindre notre respiration et, confrontés aux émotions, nous allons parfois même jusqu’à la bloquer.
Pourtant, c’est grâce à d’autres attitudes que l’épreuve se traverse : accueillir les émotions ; amplifier et approfondir la respiration.
La respiration amplifiée induit un état de conscience modifié où, comme dans le rêve, elle permet de contacter des moments marquants du passé, à travers l’émergence d’images surgies de l’inconscient ou de « souvenirs » parfois très anciens, comme celui de la naissance.
Le travail avec la respiration peut raviver cette « mémoire » corporelle. Grâce aux sensations ainsi soulevées et aux émotions qui les accompagnent nous contactons tout aussi bien ce qui fait blocage dans notre vie, que ce qui l’élargit, lui donne élan et direction.
Quelle que soit l’expérience ainsi contactée et partagée par la parole dans la lien avec l’accompagnant, nous l’intégrons dans le processus de la personne en tenant compte de ce qui la pousse à entreprendre une démarche de guérison ou de transformation.
Issue du REBIRTH dont elle a développé la technique en la redéployant dans un cadre plus scientifique, la PSYCHOTHERAPIE PAR le SOUFFLE se définit comme une approche psychocorporelle qui développe :
- Un savoir- faire : différentes approches de la respiration : Depuis la respiration classique du « rebirth » : l’hyperventilation, jusqu’aux expériences de respiration de détente et de pleine conscience. La PPS a également développé une approche du toucher en thérapie et des techniques corporelles qui permettent d’activer ou/ et de sécuriser le travail respiratoire et la circulation de l’énergie dans le corps lors des moments de blocage.
- Un savoir être : l’apprentissage du lâcher-prise
- Un savoir comprendre, un corpus théorique original ; tout particulièrement dans le domaine de la périnatalité et l’abord de cette expérience fondatrice de la NAISSANCE.
Nous postulons que notre manière d’être au monde, notre manière d’aborder les changements et notre style relationnel trouvent déjà leurs origines dans le vécu du ventre maternel et dans la façon dont nous le quittons.
On pourrait dire métaphoriquement que toute psychothérapie procède d’un processus de mort et de renaissance, constitue un « rebirth ». Depuis les premiers travaux psychanalytiques, l’expérience de la naissance sert de modèle heuristique dans l’étude des origines de l’angoisse et de la sexualité. Si l’on peut dissocier l’expérience de l’angoisse de celle de la naissance, l’inverse semble improbable. Le rebirth permet l’intégration de la naissance comme trauma ou/et comme fantasme. Accompagner en psychothérapie, des personnes en régression, que la régression soit induite, ritualisée et (relativement) contrôlée, comme dans le travail de la transe amenée par la respiration amplifiée pose la question des outils d’intervention du psychothérapeute. L’analyste limitera ses interventions avec les adultes, au champ de la parole. Dans l’approche psychocorporelle, le praticien utilisera également le toucher.
Le toucher du praticien en PPS s’inspire notamment, des travaux de l’haptonomie. Il s’agit de proposer aux patients un contenant corporel qui puisse renforcer le lien avec le thérapeute et jeter les bases d’une sécurité affective indispensable à l’exploration des expériences vécues dans le travail du Souffle.
Le travail du souffle va permettre la résolution des états émotionnels parfois très intenses ainsi contactés, non dans l’agir mais dans le lâcher-prise et son intégration, par la parole, au processus thérapeutique. Je respire ma tristesse ou ma colère et celle-ci se transforme énergétiquement et s’apaise dans le cycle naturel d’intensification suivie d’un temps de régulation et finalement d’apaisement du souffle. Quelle que soit l’intensité de son vécu la personne qui respire en pps, garde toujours conscience de la situation. Elle est à la fois l’actrice et l’observatrice de ce qui se déroule pour elle.
Les groupes de rebirth (notamment ceux animés par M. Joris et ensuite M. F Louche, pendant plus de vingt ans à l’Ecole des Parents de Belgique) et aujourd’hui les groupes organisés par l’Ecole du Souffle, sont proposés à des patients, soit en complément des séances individuelles, soit comme lieu de thérapie spécifique. L’optique de développement personnel est également très présente dans ces groupes où certaines personnes viennent d’abord pour se ressourcer ou amorcer une initiation dans un chemin de croissance personnelle.
Qu’entend-t-on par Etat Modifié de conscience ?
Pour Lapassade, un des premiers à s’être penché scientifiquement sur l’abord des EMC (retouvez les références des auteurs que nous citons,dans l’onglet Bibliographie) Ceux-ci peuvent être considérés comme des états seconds au cours desquels le sujet vit une modification plus ou moins profonde de son état ordinaire de conscience, de sa perception de l’espace, et de sa propre identité et pour Le Scanff, il faut ajouter à ceci un autre rapport au temps qui permet de se relier à un niveau autre de la réalité quel que soit le nom qu’on donne à cette réalité.
Souffle et Etats modifiés de conscience comme vecteurs de guérison dans l’histoire de l’humanité
Depuis la nuit des temps, l’homme a utilisé des modèles respiratoires spécifiques pour accéder à des états modifiés de conscience. Le chamanisme à cet âge de l’humanité où on ne dissociait pas techniques de guérison du corps et techniques de guérison de l’âme, nous montre comment l’homme de la préhistoire et aujourd’hui celui des peuples dits premiers, tribus de l’Afrique ou de l’Amazone opère des guérisons en transportant d’abord le guérisseur et son patient dans un champ modifié de la conscience où deviennent perceptibles les causalités spirituelles et sociales de la maladie.
Levy-Strauss dans son article princeps sur l’efficacité symbolique nous présente comment un shaman chez les indiens Cuna du Panama accompagne une parturiente en difficulté et transforme ce moment de passage en une lutte héroïque entre les représentants mythiques du bien et du mal liées à la culture de la patiente, pour amener celle-ci et son enfant à bon port.
Mircea Eliade, le grand spécialiste du chamanisme définira celui-ci comme : les techniques archaïques de l’extase. …
Depuis toujours, sans doute, pour l’homme, accéder à une réalité transcendantale a pu passer par l’utilisation de techniques qui modifient l’état de conscience : ingérer ou fumer certaines substances, danser, psalmodier ou prier…
En Orient, l’hindouisme et le yoga de Patanjali, le bouddhisme et les différentes approches de la méditation qui les accompagnent travaillent le corps et l’esprit en s’appuyant sur un travail respiratoire.
Inspirées bien souvent par l’Orient, toutes nos techniques actuelles de relaxation, sophrologie, hypnothérapie et pleine conscience reposent sur un travail respiratoire.
Rappelons que Freud le père de la psychanalyse a débuté ses recherches en utilisant l’hypnose et a bâti sa science de l’inconscient sur sa science de l’interprétation des rêves, ces états modifiés de conscience par excellence.
Toutefois en Occident nous avons le plus souvent dissocié guérison physique, guérison psychique et spiritualité. Est-ce nécessaire pour pratiquer une thérapie laïque et scientifique ? Nous ne le pensons pas !
Jung, qu’on peut considérer comme un des pères fondateurs du Transpersonnel a fait la découverte que dès que l’homme réalise une jonction réussie avec la notion de sacré en lui, les forces de vie prennent le pas sur celles de la névrose et de la maladie. Jung a nommé individuation ce processus de changement par lequel l’homme intègre en lui les opposés, dépasse les limites étouffantes de l’ego pour contacter ce qu’il appelle le Soi : ce qui en nous est plus grand que nous et vient orienter et inspirer notre vie.
Depuis Léonard Orr en passant par Dominique Levadoux, Jacques de Panafieu, le goupe Jallan en France, Marguerite Joris en Belgique, Stanislas Grof et les tenants de la thérapie Holotropique, les recherches, les travaux et les pratiques liées à l’utilisation de la respiration consciente et modifiée en psychothérapie ont ouvert un champs de recherche que l’Ecole du Souffle souhaite faire connaître et déployer.
BLIN B., CHAVAS B. – « Guérir l’égo, révéler l’être-Le défi des thérapies transpersonnelles » Guy Trédaniel Editeur – 2009
CHAMBON O., MARIE-CARDINE M. « Les bases de la psychothérapie – approche intégrative et éclectique » Dunod – 2019
COLLOT E. et HELL B. « Soigner les âmes-l’invisible dans la psychothérapie et la cure chamanique », Dunod – 2011
CLAEYS, Marie-Alice – « Le souffle du coquelicot », éditions Dricot – 2014
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ELIADE M. – « Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase », Payot – 1951
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GIGAND G. et NICOLESCU B. « Ingénierie du regard trandisciplinaire », l’Harmattan – 2007
GROF S., « Pour une psychologie du futur », Dervy Poche – 2009
JALLAN C., « Psychanalyse et dynamique du souffle » Dunod – 1988
LE SCANFF C. – « La conscience modifiée » Payot – 1995
JUNG C.G. – « L’âme et le Soi-Renaissance et individuation » Albin Michel – 1990
LAPASSADE G. – « Les états modifiés de conscience » Presses Universitaires de France – 1987
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